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Interview de:

M. Bertrand Beaujoin
Directeur Général de SIMICRO

Vous êtes sur le marché de l'Internet, c'est assez récent à Madagascar, qu'est ce qui vous a motivé à rentrer dans ce secteur ? 

Je suis à la base ingénieur telecommunication. Quand je me suis installé à Madagascar en 1990 le téléphone ne marchait pas. C'etait impossible de téléphoner à Tana, en province ça tenait du fantasme et puis l'international il ne fallait même pas y compter. J'étais un peu frustré parce que j'avais l'habitude de relier des ordinateurs entre eux, de travailler sur des matériels qui marchaient. Quand il y a eu la mise en place de nouvelles infrastructures et la possibilité de devenir fournisseur d'accès internet, cela m'a forcément intéressé surtout que nous sentions bien que c'était un axe de développement majeur. 

Quel a été l'évolution depuis 1996 ? 

Il y a eu une filiale de Telecom Malgache(Telma), DTS, qui a été le premier opérateur à avoir l'agrément Internet sur l'île. Nous avons fait des demandes et nous avons reçu l'agrément Internet environ 2 ans plus tard. Nous avons réellement été fournisseur de services en 1998. Cela a été difficile parce que l'on a fait l'investissement en 1996 en même temps que l'on a fait la demande d'agrément auprès de l'OMERT, et on a eu l'agrément 2 ans plus tard. Economiquement cela a été un passage délicat. 

Comment avez vous passez le cap ? 

Nous avons d'autre activités comme la vente d'appareil IBM, qui nous a permis de rester à flots. C'est un peu notre métier de base aussi. 

Et aujourd'hui cela se repartit comment au niveau de votre chiffre d'affaires ?

L'Internet représente 15%, et le reste provient de la vente de prestation et de matériel pour un montant de 20 millions de FRF. 

Combien d'abonnés avez vous aujourd'hui? 

Nous avons à peu près 2800 abonnés, dont 1400 abonnés dits actifs. 

Quel est le profil de votre clientèle ?

Ce sont les entreprises bien entendu, mais nous ne négligeons pas le marché du particulier et du dial-up puisque c'est ce qui nous a fait vivre jusqu'à aujourd'hui. L'infrastructure a évolué très doucement, jusqu'à l'année dernière il n y avait que un seul fournisseur de service V-Sat, c'est à dire de bande passante vers l'international, c'était Telma. Exception faite pour DTS qui bénéficiaient de certains avantages de par leur liens. Notre contrainte était la taille de la bande passante qui était très petite. Telma n'était pas en mesure de nous fournir de la bande passante supplémentaire, pour cause de manque d'infrastructure. Nous avons donc volontairement restreint le nombre d'abonnés pour offrir un service de qualité. Depuis un an il y a plusieurs opérateurs  V-Sat qui se sont installés, donc on peut acheter quasiment autant debande passante que l'on veut, donc le goulot d'étranglement n'existe plus. Maintenant nous cherchons de nouvelles part de marché, et ce sont les entreprises qui nous intéressent clairement, par le biais de liaisons spécialisées que l'on installe chez eux. Sans toutefois négliger le particulier qui nous a permis de démarrer bien sûr. 

Quel potentiel de développement voyez-vous sur ces deux marchés ? 

Dans le domaine des particuliers, on est arrivé à 80% du potentiel. Un particulier doit quand même acheter un ordinateur pour avoir accès à l'internet. Pour le pouvoir d'achat local un ordinateur reste très cher. Pour le marché des entreprises ils restent beaucoup à faire. Notre objectif pour 2002 serait de 50 entreprises installées, c'est à dire des installations complètes de services. 

Où en est la situation au niveau de la liaison haut débit ?

Par le biais de la BLR boucle locale radio, on peut installer du haut débit chez nos clients, mais à des coûts encore relativement élevés, donc surtout pour des entreprises, mais on peut aller jusqu'à 2 Mégabits/sec sans problèmes. 

Quelles mesures seraient favorables au développement de l'Internet ? 

Une première phase serait avoir du matériel moins cher. Aujourd'hui les taxes font à peu près 18% plus la TVA à 20%, donc les taxes d'importations sont beaucoup trop élevées. L'ordinateur n'est plus un objet de luxe mais un outil de travail, donc il faudrait que les taxes soient proches de zéro.  On voit qu'un PC d'entrée de gamme qu'on trouve à la FNAC pour 7000FF sera vendu ici 10000FF. 

Y aurait-il un intérêt à mettre en place une production locale ?

Produire localement n'apporterait pas grand chose en terme de prix, car il faut toujours importer les produits semi-finis comme les  cartes mères ou disques durs et c'est ce qui coûte cher. Il existe des toutes petites productions locales, mais ce n'est pas grand chose. 
Comment définiriez vous le climat de concurrence ? 

Il y a beaucoup de joueurs sur le marché, et surtout beaucoup de joueurs qui jouent très bien. C'est un secteur très concurrentiel. Nous axons nos performances sur un personnel très bien formé, et nous fournissons un service très présent. Pour l'Internet nous avons une hotline 7 jours sur 7 de 7 heures du matin à 22h00 le soir. Nous avons une équipe de 14 personnes techniciens spécialisés Internet qui vont faire de l'entretien, de la formation, ou de la mise en service chez nos clients et nous sommes les seuls sur la marché à fournir ce service. Notre différence et notre avantage principal tient donc en terme de services et de qualité de service. 

Quelle est votre position par rapport à DTS ? 

Dans le domaine Internet nous sommes numéro 2 derrière DTS. DTS, qui est une filiale à 51% de Telma et 49% France Cable et Radio, a aujourd'hui 8 à 12000 abonnés, mais ils ont eu 2 ans de monopole. Une fois qu'un abonné a choisi un service et qu'il en est satisfait, il changera difficilement. 

Vous attendez beaucoup de la privatisation ? 

On l'attend avec impatience. Elle a pris un peu de retard mais les cahiers des charges sont sortis et la remise des offres est pour le mois prochain. Il y aura probablement au moins 6 mois de discussion et de négociation. Il y a 5 cahiers des charges qui ont été appliqués, dont France Telecom, Vivendi, et trois autres acteurs. Personnellement celui qui obtiendra le contrat m'est égal, de toutes façons cela générera de l'activité à notre niveau. 

Est-ce que vous cherchez d'autres partenaires internationaux que IBM ? 

Cela fait 10 ans que nous sommes agents IBM à Madagascar. IBM correspond à une image de marque, une qualité de service et une fiabilité. Aujourd'hui une entreprise qui veut acheter 3 PC aura le choix entre 3 clones, qui seront forcement moins cher, et un IBM qui sera certes, 15% plus cher mais qui viendra avec 3 ans de garantie, un délai de dépannage de 48H et tous les services et compétences que nous offrons dans le suivi. 

Quel sont vos perspectives d'évolution sur le marché de l'Internet ? 

Les perspectives d'évolution sont axées sur le développement de la clientèle d'entreprises et un développement des services aux entreprises. Demain l'Internet sera encore plus l'outil de communication, donc il faut donner les moyens de profiter de cette ressource en mettant en ouvre les solutions adaptées. 

Est ce que vous pensez que l'activité internet prendra rapidement le pas sur votre activité de distribution ? 

J'espère ! Mais sans diminuer l'autre bien sûr ! Sérieusement, le but à terme, c'est effectivement que l'internet devienne la principale activité. 

Quelle est la plus belle réussite de SIMICRO aujourd'hui ? 

La plus belle réussite de SIMCRO est d'être encore là, malgré certaines années qui furent très difficile. Et puis d'être passé d'une petite société de 4 personnes à 60 personnes dont 3 expatriés en dix ans, et d'avoir acquis une certaine renommée sur la place. Et nous sommes en train de passer la certification ISO9000. 

Quel est votre vision pour SIMICRO dans 5 ans ? 

L'objectif est de développer notre marché, et conserver un rôle majeur sur le marché. Passer numéro 1 paraît délicat car il y aura toujours cette avance qu'on pris nos confrères et qui sera difficile à rattraper sauf catastrophe. En ce qui concerne notre position dans les deux pôles d'activités, dans l'Internet nous sommes numéro 2 et dans la  distribution 2 ou 3 selon les années. 

Quel message souhaiteriez vous adresser aux investisseurs ? 

Venez ! Plus on est de fous plus on rit ! J'ai vu beaucoup de gens venir à Madagascar et cela ne peut être que positif parce que plus il y aura de concurrence, plus les meilleurs sortiront du lots et auront une place sur le marché.

Madagascar va se développer doucement, cela ne sera pas la Côte d'Ivoire ou le Sénégal. L'île se développe par à-coups. Une année cela marche, l'année suivante cela freine. Certains se plaignent que les étrangers on trop la main mise sur l'économie et ça ralentit l'apport de capitaux étrangers. Madagascar a été coupé du monde pendant 20 ans, donc les méthodes de travail ont stagnées, l'organisation était inexistante. Alors depuis l'ouverture du pays le développement se fait sentir et tout le monde peut en profiter, et Madagascar a le potentiel.

Note: World Investment News Ltd cannot be held responsible for the content of unedited transcriptions.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Madagascar published in Far Eastern Economic Review.  March 28 th, 2002 Issue.
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